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AfricaPostnews - L’Epkwele : l’histoire de la monnaie traditionnelle des peuples Fangs d’Afrique

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AfricaPostnews - L’Epkwele : l’histoire de la monnaie traditionnelle des peuples Fangs d’Afrique

Saharan Group

Epkwele (Pl. Bipkwele) ou Ekwele, est une monnaie d’échanges commerciaux et matrimoniaux dans la société traditionnelle Fang (peuple d’Afrique centrale reparti entre le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Congo) jusqu’au 20e siècle. Cette monnaie est faitede fers plats pointus aux deux bouts (tiges de fers) et attachée à l’aide de lianes ou autres fibres végétales en montants de 10, de 100 et de 1000. Mille Bipkwele faisaient une dot.

Les légendes affirment que c’est un héros du nom de NKO ANDA d’ayong Essabok, à Edoum-Ye-Mukim (Gabon) qui a eu l’idée d’inventer cette monnaie.

Une monnaie d’échanges commerciaux ?

Le peuple Fang est réputé très attaché au travail. Il laboure la terre (agriculture), pratique la chasse, la pêche et la cueillette, et s’investit dans l’artisanat et les arts (« Bisseign mekeng » en langue Fang). Ces activités sont faites dans l’intention de maintenir le bien-être de la communauté, principalement. Mais aussi, avec les excédents de produits, ce peuple pratique des échanges que l’on pourrait qualifier de « commerciaux ». Il faut donc comprendre que l’activité commerciale n’était pas prioritaire. On ne produisait pas pour vendre. Et, on n’amassait pas les Bipkwele pour acheter. Le but commercial était si secondaire qu’on avait l’impression que l’homme fang n’était pas un commerçant.  C’est justement dans ce contexte que certains auteurs, anthropologues et ethnologues, tels que J. Weber, P. Alexandre et J. Binet (Auteurs de « Le groupe dit Pahouin« , 1958 « Compte Rendu »), mettent un doute sur la dimension marchande de cette monnaie.

Pourtant, certaines indications et témoignages que l’on retrouve aussi bien dans la tradition orale directe et indirecte (Par les grands-parents) que dans les rapports des premières décennies de la colonisation affirment que l’Epkwele avait valeur marchande. Pour cela, il y a encore dans certains villages Fang du Gabon, de la Guinée Équatoriale et du Cameroun des vestiges de cette monnaie. L’Epkwele avait une importante valeur économique et matrimoniale.

Une monnaie d’échanges matrimoniaux

Plus précisément, les échanges matrimoniaux étaient beaucoup plus régulés et visibles. L’Epkwele intervenait indubitablement dans ce système, étant donné que le mariage relève de la coutume et donc de la convention traditionnelle d’alliance entre différentes tribus. Le mariage est aussi une pratique sociale qui ne souffrait d’aucune forme d’ambiguïté ni sur le plan  familial ni à l’échelle communautaire.

Il y a une gamme de richesses faite de biens précieux (dots, ornements magiques et religieux, arts sacrés, etc.), de prestige (bétails, kola, parures, etc.) et d’instruments de fer (armes, machettes, ustensiles, etc.), qui circule sous le contrôle de la monnaie Epkwele. Cette monnaie avait une grande importance dans le mariage traditionnel, lors de la remise de la dot. En effet, la dot, en langue Fang « Nsua bikeign » signifie littéralement dot de fer. La dot était constituée de vivres et d’autres biens précieux. Certes. Mais le principal de la dot était Bipkwele. La somme de Bipkwele traduisait l’importance de la dot. Par conséquent, la valeur du mariage dépendait de la quantité de Bipkwele.

Ensuite, une fois acquis par la belle famille, les paquets de Bipkwele servent à la fabrication d’ustensiles, d’outils précieux et à la métallurgie artisanale. Comme une évidence, un père qui avait plusieurs filles, amassait fortune s’il réussissait de les donner toutes en mariage. D’un autre côté, si on avait que des garçons, il fallait travailler dur pour les marier. Et par déduction, une famille où il y avait des filles et des garçons, la compensation se faisait facilement. Autrement dit, le frère attendait la dot de sa sœur pour se marier. Avec l’arrivée des colonisateurs en Afrique, l’Epkwele a connu plus tard la chute au profil de la monnaie française et espagnole, après avoir été la monnaie des Guinéens.

Une monnaie équato-guinéenne

La Guinée Espagnole, devenue plus tard la Guinée Équatoriale a adopté l’Epkwele comme sa monnaie. Elle la frappait sur place. Cette Guinée avait connu un essor économique assez remarquable avant l’avènement des indépendances africaines dans les années 1960. Car, le pays avait enregistré une forte implantation des Espagnols (Environ 7000), notamment pour des raisons coloniales, avant que le Président Francisco Macias NGUEMA ne parvienne à les chasser.

La Guinée Equatoriale est majoritairement Fang. La proximité linguistique attirait vers ce pays les Fang du nord Gabon et du sud Cameroun. Ils s’y rendaient soit à pied ou par voie fluviale pour vendre cacao et café. En retour, ils ramenaient des vivres, des pages, des boissons alcoolisées et de l’argent Bipkwele. C’est par le commerce du cacao et du café que les Fangs finançaient les études de leurs enfants jusqu’en Europe. La Guinée a connu à cette époque son premier temps de gloire. Un eldorado qui attirait toute la sous-région. Un pays où l’Epkwele était la principe et unique monnaie d’échange. Un pays qui a malheureusement sombré sous le poids d’une dictature sanguinaire au point de perdre sa place dans la sous-région.